Les édifices religieux du XXe siècle

Le patrimoine architectural c'est la thématique des Journées européennes du patrimoine 2025. En Isère nous mettons la lumière sur l'inventaire des des édifices religieux du XXe siècle mené par le service du patrimoine culturel du Département.

Découvrez les articles complets dans la brochure papier des Journées européennes du patrimoine.

À l’heure où l’on s’interroge en France sur le devenir de nombreux lieux de culte, le Service du Patrimoine culturel du Département de l’Isère s’est attaché à recenser et documenter les édifices et les oeuvres d’art religieux réalisés au XXe siècle en Isère. L’ambition a été d’aborder l’ensemble des religions et des confessions représentées sur le territoire. Ce travail d’inventaire a été réalisé en partenariat avec l’Association diocésaine de Grenoble, propriétaire de la majorité des églises construites après 1905. Le corpus rassemble près d’une centaine de sites bâtis au XXe siècle et autant d’églises antérieures décorées, remeublées ou réaménagées durant cette période. Découvrez ce patrimoine original, observez la diversité des propositions artistiques et l’audace de ces architectures, fruits de leur époque et de ses défis.

Fruit de cette recherche, une exposition itinérante "De béton et de lumière" sillonne le territoire isérois durant toute l'année 2025 !

Des bâtiments novateurs, financés par le diocèse et les fidèles

Sur les 550 lieux de culte isérois, une cinquantaine sont la propriété du diocèse. Des églises bâties après
1905 et la promulgation de la loi de séparation des Églises et de l’État. À la suite de la séparation des Églises et de l’État, en 1905, c’est le diocèse qui a fait construire, avec le soutien des fidèles, les nouveaux lieux de culte. Il en est toujours propriétaire.

Des églises qui bénéficient d’une recherche architecturale importante et des matériaux plus modestes que ceux utilisés aux siècles précédents.

À découvrir :
Église Saint-Jean à Grenoble, Ancien petit séminaire à Voreppe, Basilique du Sacré-coeur à Grenoble, Église Notre-Dame du Rosaire à La Tronche.

Intérieur de l'église Saint-Jean, grenoble © Nicolas Pianfetti

Des édifices de montagne

En montagne, la création de paroisses accompagne l’expansion urbaine. L’essor des sports d’hiver et les JO de Grenoble ont favorisé la construction des églises en station, comme aux Deux-Alpes, à
l’Alpe-d’Huez ou Chamrousse.

Dans les années 1930, 40 avec l'arrivée des touristes en montagne grâce au ski notamment, on décide de construire des édifices religieux pour accueillir les visiteurs.

Puis les Jeux Olympiques renforcent cette tendance, comme à Chamrousse ou l'Alpe-d'Huez.

À l'Aple-d'Huez Notre-Dame des Neiges est construite avec des matériaux simples (béton,
cuivre, bois, verre). À l’intérieur, se dresse une immense main éclairée par le puits de lumière central : un orgue réalisé sur les plans du compositeur Jean Guillou. Et les 13 vitraux peints par l’artiste Arcabas sur la vie du Christ selon l’Évangile de Saint-Marc illuminent l’ensemble de leurs couleurs éclatantes.

À Chamrousse l'église du Saint esprit est construite par Pierre Jomain qui leur propose une véritable
« architecture sculpture » épurée conçue dans la pente. Cet architecte choisit de travailler avec deux artistes : le sculpteur Pierre Székely pour le mobilier liturgique de la grande chapelle ouverte
sur le sud et dédiée au culte catholique et Arcabas pour celle réservée au culte protestant.

Visitez l'église du Saint-Esprit à Chamrousse

Visitez l'église Notre-Dame des naiges à l'Alpe-d'Huez

Église du Saint-Esprit, Chamrousse © Denis Vinçon

Le musée Arcabas en Chartreuse, une version audacieuse du renouveau de l’art sacré

Très symbolique du renouveau de l’art sacré tout en témoignant du style unique de l’artiste Arcabas, l’église de Saint-Hugues-de-Chartreuse, devenue musée Arcabas en Chartreuse (fait partie du réseau des 11 musées du Département de l'Isère), est un incontournable. La démarche de l’artiste y est si exceptionnelle qu’une énergie particulière se dégage de cet édifice à part.

Il commence à orner les murs de l'église de Saint-Hugues à partir des années 1950 et son travail se poursuivra jusque dans les années 1990, créant ainsi un ensemble de 111 oeuvres.

Tout le programme du Musée Arcabas en Chartreuse pour les Journées du patrimoine

Musée Arcabas en Chartreuse, Saint-Hugues-en-Chartreuse © Silence

Les grands architectes du XXe siècle

Le béton armé a d’abord été utilisé dans le cadre d’une architecture exclusivement industrielle. En s’en servant pour construire des édifices sacrés au début du XXe siècle, les frères Perret ont contribué à donner à ce matériau ses lettres de noblesse. Ce qui a permis à d’autres architectes de s’en saisir
pour le mettre au service du renouveau de l’art sacré.

L’architecte Pierre Pouradier- Duteil, notamment, est une figure majeure du renouveau de l'architecture religieuse en Isère. C'est à lui qu'on doit la construction de l'Ancien petit séminaire de Voreppe qui se déploie avec sa forme singulière en forme de colombe aux ailes déployées.

Pour le décor de la chapelle, il fait appel à des artistes de renom comme Henri Charlier ou Marguertite Huré pour les verrières. Ces dernières se déclinent en claustras aux mille couleurs.

Tout le programme de la Chapelle de l'Ancien petit séminaire de Voreppe pour les Journées du patrimoine

Chapelle de l'Ancien Petit séminaire de Voreppe © Nicolas Pianfetti

L'art mural en Isère

Si l’art mural disparaît dans la plupart des églises construites après guerre, une poignée d’artistes ont renouvelé le genre en Isère dans les
édifices religieux plus anciens, à l’image du trop méconnu Luc Barbier.

D'autres artistes ont orné les églises de leurs décors peints, fresques... comme Elisabeth Meyer à l'église de la Buisserate à Saint-Martin-le-Vinoux avec trois fresques colorées en ciment frais réalisées à la truelle.
On connaît également René-Maria Burlet à l'église de Colombe ou encore Maurice Denis chef de file du mouvement nabi. Ce peintre fervent catholique a orné le choeur de l’église Saint-Martin de Vienne d’une allégorie de l’Eucharistie en 1933, avec, clin d’oeil au territoire, la vallée de la Gère avec ses grandes usines en arrière-plan. Le peintre s’inspire du réalisme social du lieu pour donner à cette composition religieuse une autre portée.

Quant à Luc Barbier il s'illustre dans plusieurs églises iséroises dont trois édifices, à Burcin, l’église Saint-Martin (en 1937) et la petite chapelle
de Notre-Dame-de-Milin (en 1943) puis l’église Saint-Jacques-le-Majeur de Blandin (1947). Toutes trois présentent des décors très différents, en lien direct avec ce que vivent les paroissiens. L'artiste cherche à  représenter la société de l’époque, ses souffrances comme celles liées aux deux guerres mondiales qu’il peint en 1952 dans le chemin de croix de l’église d’Entre-deux-Guiers.

Visitez l'église de la Buisserate

Visitez l'église de Burcin

Visitez l'église Saint Martin à Vienne

Église de Blandin, décor peint de Luc Barbier © Denis Vinçon

Le vitrail

Le XXe siècle est marqué par l’innovation dans la fabrication du verre et sa mise en oeuvre dans l’architecture.

En Isère, l’artiste Arcabas et le maître verrier Christophe Berthier se sont ainsi affranchis des vitraux traditionnels.

Le maître-verrier Louis Balmet quant à lui, a travaillé au sein de son atelier dès le début du XXe siècle, réalisant de nombreuses commandes pendant la Grande époque, tant pour des édifices religieux locaux que pour des églises dans les colonies françaises. Dans ce cadre, il a collaboré avec beaucoup de dessinateurs et de peintres, produisant « des vitraux dans un style figuratif, mais plus cubiste ».

Enfin, Paul Montfollet maître verrier de renom, se forme au vitrail dans l’atelier Bessac (Grenoble) et suit en parallèle des cours du soir
aux Arts décoratifs. D’abord cartonnier indépendant, il fonde son atelier à Grenoble en 1943. Il collabore à plusieurs reprises avec Arcabas, en expérimentant avec lui en pionnier la technique du verre collé, dès 1964. Sa fille Françoise lui succède (1991) avant de confier l’atelier à Anne Brugirard (1999).

 

Vitraux Balmet, église de la Cote-Saint-André © Patrimoine culturel - Département de l'Isère