Scierie des Ségoins à Valjouffrey

Si elle n’est pas la plus ancienne, la scierie des Ségoins témoigne d’une activité traditionnelle exceptionnellement dense sur ce territoire de hautes montagnes. Les ressources abondantes et l’isolement de la vallée ont suscité très tôt l’implantation de petites unités au fonctionnement intermittent. Au XVIIIe siècle, Valjouffrey compte déjà trois scieries identifiées sur la carte de Cassini et jusqu’à neuf au début du XXe siècle. L’importance de l’exploitation forestière dans l’économie locale est telle à la fin du XIXe siècle, que le canal du Beaumont est équipé de « glissoirs » et de grandes dalles horizontales à la surface de l’eau permettant d’évacuer les troncs de grande taille.
Reconstruite entre 1904 et 1914 par la famille Rousset, la scierie des Ségoins succède à un premier bâtiment, en place au moins depuis le XVIIe siècle. Devenue communale en 1958, c’est l’une des dernières à avoir fonctionné, jusqu’en 1973. Le bâtiment bardé de bois se développe tout en longueur, accroché dans la pente de la rive, entre la rivière et le canal d'amenée. Il s'élargit par un décrochement côté berge (escalier intérieur) sur la moitié aval. De niveau avec la route se trouve en extérieur le canal d'amenée avec son diverticule vers la centrale voisine. En parallèle à l'intérieur, accessible par quelques marches, sont disposés successivement un chariot sur rails traversant tout le bâtiment, un plan garni de cylindres et la scie circulaire qu'il dessert, la scie battante et son chariot également sur rails métalliques. Contre la paroi côté Bonne se trouvent un établi sous une fenêtre et une petite réserve formant guérite en encorbellement. Une partie du volume est occupé en partie inférieure par le rocher de la berge. A l'aval, contre la route, se trouve la chambre de la roue en bois, restituée depuis peu. Son axe mettait en mouvement engrenages et renvois, placés contre la rivière, afin de mouvoir indépendamment la battante et la circulaire.

La scierie est labellisée "Patrimoine en Isère". De gros travaux ont été entrepris par la commune et l'association Mémoire battante, soutenues par le Département et le service Patrimoine culturel pour une restauration dans le respect de l'esprit et de l'histoire de l'édifice.

Le résultat est exemplaire et la scierie peut être ouverte et montrée au public grâce à l'implication de tous les partenaires pour faire revivre ce lieux.